La
bataille de Moscou désigne la défense de
Moscou, capitale de l'Union soviétique, et la contre-attaque qui suivit, entre octobre
1941 et janvier
1942, sur le Front de l'Est, pendant la Seconde Guerre mondiale. La victoire de l'
Armée rouge face à la
Wehrmacht constitue le tournant géopolitique du conflit mondial.
Invasion allemande
Depuis le
22 Juin 1941, et le déclenchement de l'opération Barbarossa, la
Wehrmacht progresse en Union soviétique, et appliquant les tactiques de la
Blitzkrieg, met à mal les défenses de l'
Armée rouge. Les pertes de cette dernière sont colossales, et l'avance ne semble pas pouvoir être stoppée. Cependant, l'acharnement des soviétiques autour de
Smolensk pendant l'été, a retardé les forces allemandes dans l'accomplissement de leurs objectifs. Ce retard peut être aussi imputé à la décision de l'OKW d'envoyer une partie des blindés du groupe d'armées Centre aider le
Groupe d'armées Sud à réaliser l'encerclement et la destruction des forces soviétiques défendant
Kiev et l'
Ukraine occidentale.
Fin septembre, Von Bock lance à nouveau son groupe d'armées Centre à l'offensive pour l'opération Typhon dont l'objectif est Moscou. Cependant, le répit a été mis à profit par les soviétiques, qui ont déployé des armées nouvelles ou reconstituées et imposeront encore de rudes batailles.
L'opération Typhon
La Wehrmacht va attaquer sur deux axes pour s'emparer de la capitale soviétique ; le but final de l'offensive est de déborder celle-ci à la fois par le nord et le sud pour obtenir une capture facile. Les deux groupements allemands profitent de leur mobilité supérieure et vont comme durant l'été réaliser deux grands encerclements, où 665 000 soldats soviétiques seront capturés. Le succès semble complet et la route de Moscou à nouveau ouverte en grand, mais cette fois-ci les unités de l'Armée Rouge, bien qu'encerclées, vont continuer à combattre sans faillir, posant de gros problèmes aux forces allemandes, déjà handicapées par leur logistique surchargée par la distance. Cette résistance inattendue va empêcher les allemands d'exploiter leur succès rapidement pour envelopper Moscou.
Orel et de Briansk
Le
30 septembre, le 2
e groupe de Panzer et la deuxième armée allemande qui constitue le flanc sud du groupe d'armées Centre passent à l'offensive contre le
Front de Briansk. Ces unités rassemblant quinze divisions, dont dix mécanisées, parviennent assez rapidement à crever le front des 13
e et 50
e armées soviétiques et à pousser des pointes blindées vers
Briansk et
Orel. La prise de ces deux villes, le
3 octobre, enferme les 3
e et 13
e armées dans une poche. Les blindés du 24
e et 47
e Panzer Korps, poursuivent alors en direction de
Toula, pendant que les unités d'infanterie s'occupent de réduire les forces soviétiques encerclées. Cependant, contrairement aux encerclements de l'été, il n'y aura pas de redditions massives d'unités encore organisées. Cette résistance empêchera Guderian de foncer vers
Toula, alors encore non préparée à se défendre, et finalement les armées encerclées parviendront à échapper à la capture en perçant à travers les positions allemandes, en direction du sud-est. Elles purent ainsi reprendre le combat à partir du 23 octobre.
Viazma
Le
2 octobre, un peu plus au nord, le 3
e groupe de Panzer et le 4
e détaché par le groupe d'armée nord, effectuent un mouvement en pince contre les 19
e, 16
e, 20
e et 24
e armées du Front Ouest. Les deux attaques blindées allemandes, appuyées par les 4
e et 9
e armées, se rejoignent le
7 octobre à
Viazma, encerclant seize divisions des 19
e, 20
e et 32
e armées. Le
9 octobre Gzhatsk tombe, le 13 c'est
Kaluga. Contrairement à la poche sud, l'encerclement allemand fut plus étroit, mais là encore, les divisions soviétiques, sous le commandement du lieutenant-général M.F.Lukin, ne capitulèrent qu'une fois à cours de munitions, et elle pressèrent en direction de l'est. Cette combativité surprit les allemands, qui se retrouvèrent contraints d'employer pas moins de 28 divisions pour réduire la poche.
Le dernier effort
Le
27 octobre, la Wehrmacht décide de marquer une pause dans son offensive. Cet arrêt est motivé principalement par des raisons météorologiques, un phénomène typiquement
russe, la
Raspoutitsa due à la saison des pluies, qui transforme routes et champs en bourbier, rendant les unités motorisées très peu mobiles. Le répit est mis à profit pour recompléter et réapprovisionner les unités, tandis que les responsables de la Wehrmacht sur le front de l'Est se réunissent à
Orcha pour déterminer la suite des opérations. Le chef du groupe d'armée Nord, occupé à investir
Léningrad et privé du 4
e groupe de panzer, annonce son intention d'adopter une posture défensive pour passer l'hiver. Celui du groupe Sud le suit, du fait de l'étirement de ses lignes de communication et de la contre-offensive qu'il subit à Rostov. Von Bock est hésitant, mais avec l'étendue de son succès à Viazma et Briansk, la présence de Hoth aux abords de Kalinine, de Guderian dans ceux de Toula et de Hoepner de ceux de Kline, il espère reprendre l'offensive dès que le gel aura rendu les voies de nouveau praticables, contre une Armée rouge au bout du rouleau.
Kalinine
Pendant ce temps, le 3
e groupe de panzer continue sa progression au nord-est, et atteint
Kalinine, sur les arrières du front nord-ouest, donnant aux Allemands la possibilité de dépasser Moscou par le nord. Les Soviétiques lancent alors leurs réserves dans la bataille pour conserver cette ville verrou où passe l'autoroute de Moscou à
Léningrad. Ces nouvelles unités engagées avec ce qui reste des 22
e, 29
e, 30
e et 31
e armées sont regroupées dans un nouveau front, créé pour l'occasion : le front de Kalinine, sous le commandement de I.S.Konev. Contre-attaquant, les unités de Konev vont empêcher les Allemands de contrôler complètement la ville et obtenir une tête de pont sur la rive gauche de la
Volga. Elles tiendront jusqu'au début de la contre offensive générale de l'Armée rouge, le 4 décembre.
Kline et Solnechnogorsk
Le 4
e groupe de panzer pousse en direction du nord de Moscou, essayant de créer une faille entre la 16
e et la 5
e armées défendant cette direction, à partir du
1er novembre. Mais à l'approche de la capitale, la résistance des Soviétiques devient fanatique, et les contre-attaques continuelles décidées par
Staline et
Joukov, qui emploient pour la première fois des troupes rapatriées de
Sibérie, usent et ralentissent l'avance d'Hoepner. Une unité se distinguera particulièrement pendant cette défense pied à pied, la 316
e division de fusiliers, qui défend le long de l'autoroute de Volokolamsk. Elle recula pas à pas, sans cesser de combattre pendant tout le mois de novembre, ses effectifs fondant, malgré les renforts, jusqu'à ne représenter que quelques centaines d'hommes.
Dans la partie sud du groupe d'armée centre, Guderian, à la tête de son 2
e groupe de panzer, essaye de se porter sur le sud de Moscou, appuyé par l'aile Sud de la 4
e armée. Mais, outre la plus grande distance, il rencontre aussi une forte défense soviétique. Celle-ci s'appuie sur un verrou constitué à la hâte dans la ville de
Toula. Il n'arrivera jamais à s'emparer de celle-ci transformée en véritable forteresse. Malgré un débordement par l'est et un demi-encerclement, il butte sur une résistance sans faille des 49
e et 50
e armées soviétiques.
La contre-offensive soviétique
Début décembre 1941, par des températures de -20 degrés C, les soldats soviétiques des armées de Sibérie, retirées du front de Mongolie, qui sont bien équipés pour l'hiver et bien entraînés pour des combats dans ces conditions, contre-attaquent au nord et au sud de Moscou. Les armées allemandes, déjà bloquées depuis quelques semaines, sont éventrées. Elles manquent d'équipement d'hiver. Les moteurs des chars et des avions gèlent et les soldats aussi. Pour les Allemands le spectre du général Hiver devient obsédant.
Pendant décembre, janvier et février, les Russes continuent leur attaque sous des températures oscillant entre -20 et -50 degrés, libérant définitivement le secteur de Moscou et décimant une cinquantaine de divisions allemandes qui parviennent néanmoins à stabiliser le front en évitant de grands encerclements. Seules quelques divisions allemandes sont piégées dans la ville de Demyansk, Adolf Hitler ordonnant le ravitaillement par les airs.
Les Russes auront bien d'autres défaites : le vent n'a pas encore tourné pour de bon en défaveur de l'Axe. Mais en mars, lorsque la contre-offensive russe s'arrête, la situation s'est indéniablement améliorée pour les Soviétiques. A Rastenburg, les nazis devront reconnaître que l'opération Barbarossa n'a pu aboutir.
La tentative allemande de poussée vers le Caucase durant l'été 1942 et la bataille de Stalingrad qui s'ensuivit marque ensuite le début de la fin pour des forces de l'Axe de plus en plus contraintes à la défensive.
Forces en présence
Axe
Groupe d'armées Centre (
maréchal Fedor von Bock)
- 2e armée
- 4e armée
- 9e armée
- 2e groupe de Panzer
- 3e groupe de Panzer (Colonel-général Georg-Hans Reinhardt)
- 4e groupe de Panzer
Union soviétique
- Front de l'Ouest
- Front de réserve
- Front de Briansk
- Front de Kalinine
Voir aussi
Liens internes
Front de l'Est Liens externes
Notes
Bibliographie